Définition et description du cloud :
Qu’est ce que le cloud collaboratif et souverain ? C’est au départ une infrastructure dans laquelle la puissance de calcul et le stockage sont gérés par des serveurs distants. Ainsi les usagers se connectent via une liaison internet sécurisée. Donc l’ordinateur, la tablette, le smartphone etc. deviennent les points d’accès. Ils servent a exécuter des applications ou consulter des données qui sont hébergés sur les serveurs. Le cloud se caractérise aussi par sa souplesse. Elle permet aux fournisseurs d’adapter automatiquement la capacité de stockage et la puissance de calcul aux besoins des utilisateurs.
Le cloud a su évoluer selon les besoins des entreprises. Car on sait que la collaboration s’impose comme un des piliers de la réussite pour les entreprises et les collectivités. En effet, les collaborateurs, quel que soit le service doivent pouvoir travailler conjointement avec d’autres collaborateurs et mêmes parfois des externes pour mener à bien les projets.
Ainsi les entreprises ou collectivités doivent pouvoir disposer des ressources informatiques nécessaires. Cela facilite cette collaboration sous peine de perdre en productivité à cause de la recherche accrue de fichiers, de transferts chronophages, de réunions pas adaptés au planning etc. C’est pourquoi le cloud collaboratif à vu le jour. Il met à disposition sur une même plateforme, différents outils numériques pour faciliter le travail des collaborateurs ensemble. Il sert aussi à améliorer la productivité des entreprises et collectivités.
En offrant de nombreuses fonctionnalités utiles, le cloud collaboratif permet principalement de :
- Simplifier la coordination et le travail entre les collaborateurs avec une connexion virtuelle entre plusieurs collaborateurs en même temps et en simplifiant le partage de fichiers et d’informations.
- Fluidifier la communication entre les collaborateurs grâce à différentes applications (mails, visioconférence, discussion instantanée etc.)
- Améliorer la sécurité et la fiabilité des données et des documents grâce à une mise à jour des informations et des outils de travail.
Le marché du cloud en France représente un énorme levier d’investissement, encore plus depuis les épisodes COVID avec le télétravail. Ainsi pour l’année 2021, le chiffre d’affaire est de plus de 16 milliards d’euros avec une croissance de 15.5% par rapport à l’année 2020 avec une prévision pour 2025 atteignant près de 27 milliards d’euros.*
Les chiffres donnés par l’étude Markess montre que le cloud est un véritable modèle d’avenir pour les entreprises et collectivités. Cela permet de sortir de l’individualisation pour passer à une logique de collaboration. Le mouvement de transformation numérique des entreprises et collectivités devrait s’accentuer. Car en l’espace de quatre ans, le marché à gagné plus de 11 milliards d’euros. Il est passé de 29% aujourd’hui à une projection supérieure à 40% du marché global des logiciels et services numériques en 2025.
Ainsi la sécurité est le principal moteur de croissance. Car suite aux derniers événements de ces deux dernières années, les équipes informatiques ont dû revoir l’infrastructure IT afin de pouvoir multiplier les possibilités de collaboration. Mais aussi de diminuer les risques numériques (cyberattaques, ransomware etc.). En septembre 201, selon l’étude Palo Alto Network, 71% des organisations s’attendaient à ce que leur sécurité digitale soit principalement ou entièrement gérée dans le cloud d’ici fin 2023.
Selon l’estimation de Markess, ce marché devrait quasiment tripler pour dépasser les 700 millions d’euros en 2025, pour répondre à la demande des entreprises. « Si le marché du SaaS sera le véritable moteur du marché du Cloud (il représente désormais 6.1 milliards d’euros en France et sa croissance est attendue à 17% par an de moyenne d’ici 2025), c’est le segment des infrastructures systèmes à la demande (IaaS) qui sera l’accélérateur avec +37% sur l’année 2021 et une tendance forte à 2025. », détaille l’étude. Une forme de cloud computing qui pourrait permettre de déployer des approches sécuritaires très complexes comme celle du « zéro trust ».
*Étude réalisé par le cabinet Markess by Exaegis (2022)
Les principaux acteurs :
Dans l’hexagone, le marché est détenu à 71% par 3 entreprises : Amazon, Microsoft et Google selon l’étude Markess. *
Cela donne un marché très concentré. L’écart entre les géants de la Silicon Valley et les spécialistes européens ne cessent de se creuser. En effet, ces trois acteurs ont réussi à capter près de 80% de la croissance des dépenses sur le marché français. C’est l’équivalent de 400 millions d’euros.
Dans le détail, c’est principalement Amazon Web Service (AWS) qui domine. Il tire profit avec 46% des parts de marché. Il très loin devant Microsoft Azure (17%) et Google Cloud (8%). Mais les perspectives d’avenir peuvent évoluer car les niveaux de croissance moyenne sur 2021 indiquent un autre rapport de force.
Ainsi, c’est Microsoft Azure qui détient la plus forte progression (+53%), devant Google Cloud (+48%) et AWS n’ayant que +36%, seulement un point de plus que la moyenne nationale du marché +35%).
Cette position dominante se traduit par des grincements de dents auprès des prestataires nationaux. Voir par exemple le dépôt de plainte auprès de Bruxelles de la part d’OVH contre Microsoft. Malgré les tentatives des entreprises américaines de vouloir calmer le jeu. Que ce soit par le biais de lobbying ou par l’installation d’infrastructure en France pour tenter de jouer sur le marché local et de jouer sur les nouvelles certifications françaises concernant le cloud et le label SecNumCloud et pour éviter le Cloud Patriot Act.
En opposition, les acteurs français ou européens doivent lutter pour garder les 29% restants du marché. Résultat, pour s’opposer à l’hégémonie des solutions américaines qui visent aussi bien les TPE et PME que les grands groupes dans tous les secteurs d’activités, ils tentent de se faire une place sur des segments spécifiques tel que la cybersécurité, les plateformes applicatives, le cloud souverain, la gestion des cloud hybrides et multicloud.
Malgré tout, de plus en plus d’entreprises majeures françaises choisissent des solutions américaines pour proposer une offre « cloud de confiance » tel que Capgemini et Orange avec Microsoft (Blue) ou Thales qui s’associe avec Google. Sauf que ces solutions ne répondent pas à la norme SecNumCloud…
* Étude réalisé par le cabinet Markess by Exaegis (2022)
Difficultés françaises et actions étatiques:
Ainsi, dans une tribune co-signée par plusieurs noms du numérique français, il est relevé que le « cloud à la française » existe déjà et qu’il est opérationnel. Il couvre plus de 80% des besoins des utilisateurs français et européens. Ainsi que ce soit des administrations publiques, des opérateurs d’importance vitale, des PME ou des start-ups, tout est réuni pour que l’on y trouve la solution adaptée.
C’est pourquoi les principaux acteurs français montent aux créneaux pour défendre la qualité des services du cloud sachant qu’ils ne sont que cinq en France à disposer de la norme SecNumCloud (Cloud Temple, Oodrive, Outscale, OVH et Wordline). Car le gouvernement ne semble pas choisir le souverainisme numérique malgré certaines promesses dans différents choix stratégiques (voir les affaires Health Data Hub confié à Microsoft ou Bpifrance épinglé pour avoir confié à Amazon la gestion des données des prêts garantis par l’État).
Comme vu un peu plus haut, le marché du souverainisme numérique est un peu plus embrouillé par les alliances entre des groupes français et des groupes américains. Le partenariat entre Microsoft d’un coté et Orange et Capgemini de l’autre pour donner naissance à Blue mais sans certification de l’ANSII ou Thales et Google qui dans les deux cas laissent la majorité du capital aux groupes français dans l’espoir de pouvoir décrocher le SecNumCloud sont des exemples d’entités qui voudrait pouvoir entrer dans le cadre du label « cloud de confiance » lancé en 2021 par le gouvernement.
Sauf que depuis 2018, les entreprises américaines sont soumises au Cloud Act, dérivé du Patriot Act qui permet aux services américains de renseignement de pouvoir regarder et récupérer les données de n’importe quel serveur où qu’il soit dans le monde s’il est d’une partie d’entité américaine. Ainsi, des données sensibles, même si elles sont hébergées en France mais dont une partie du capital est détenu par une entreprise américaine peut tomber sous le coup de la juridiction américaine malgré les accords de confiance français.
Le résultat est, selon Edouard de Remur, cofondateur d’Oodrive, une dépendance accrue des entreprises françaises vis-à-vis des géants américains car pour que ces groupes français puissent rester actif (Thales, Orange, Capgemini etc.), ils sont obligés de collaborer et d’héberger des technologies non souveraines avec tous les risques que cela comporte.
Ce qui fait un piège marketing parfait toujours selon le cofondateur d’Oodrive car c’est une manière pour les Gafam de prendre des parts de marché. Les grands groupes se positionnent, et même si ce n’est pas prêt dans trois ans, ce n’est pas grave. Ils seront déjà pieds et poings liés.
Le marché du cloud français et européen est donc coincé par une législation qui n’est pas favorable actuellement aux acteurs nationaux, des alliances européennes tels que Gaia-X se retrouvent infiltré par des américains alors que les grands groupes américains ou l’administration us ne confient leurs données à des groupes français ou européens.
Les solutions françaises :
Les dépenses mondiales en matière de solutions de collaboration ont augmenté de 28,4 % en glissement annuel en 2021, générant un chiffre d’affaires de 29,1 milliards de dollars, selon un rapport d’IDC *. C’est la cinquième année consécutive que le marché connait une croissance à deux chiffres avec des ventes en hausse de 6.5 milliards de dollars.
La crise du COVID à boosté la demande et les habitudes de travail collaboratif et à distance ont continué, ce qui conduit les entreprises à étendre l’utilisation des logiciels collaboratif à un plus grand nombre d’employés.
En outre, l’achat et l’intégration de plusieurs applications pour mieux répondre aux besoins des entreprises, ainsi que les augmentations de prix et les mises à niveau des fonctionnalités, ont tous été identifiés par IDC comme les principaux moteurs de la croissance. Celle-ci s’étend à tous les segments et sous-segments de la collaboration. Il s’agit notamment des services pour les équipes, comme Slack, Workspace et Microsoft Teams ; des solutions de visioconférence, comme Zoom, Webex, Teams ou Google Meet ; des plateformes d’applications d’entreprise, comme Khoros et Salesforce ; ou encore des événements virtuels, comme Cvent et On24, et de la messagerie électronique.
Ainsi la numérisation des employés continue malgré des disparités selon les entreprises et les milieux et l’adoption de ces outils collaboratifs pour améliorer les processus métiers contribuent à améliorer les entreprises ou administrations, favorise la culture interne et augmente les gains d’efficacité au sein de la structure. Cela permet au cabinet IDC d’envisager un marché atteignant les 63.8 milliards de dollars d’ici 2026.
Ainsi, un collectif français composé de 8 éditeurs (Atolia, Jalios, Jamespot, Netframe, Talkspirit, Twake, Whaller et Wimi) se sont regrouper fin 2021 pour annoncer qu’ils disposaient d’une offre nationale et souveraine pour offrir les mêmes services que, notamment Microsoft 365. De fait, ils expliquent que déjà plus de 3 millions d’utilisateurs travaillent actuellement en collaboration avec leurs outils.
Les éditeurs mettent ainsi en avant la conformité des solutions proposés avec le RGPD et aussi la non soumission aux lois extra-territoriales américaines car tout le process est souverain et éligible à la norme SecNumCloud.
De plus, le collectif souligne que l’État lui-même par le biais de différents dispositifs a participé au financement et au développement de la plupart des solutions et donc suite à la décision de la Dinum de déclarer Office 365 non conforme à la doctrine « cloud au centre de l’État », le moment semble propice de passer le cap de l’investissement à celui d’acheteur pour l’État Français sachant que les éditeurs nationaux sont prêts à relever de nouveaux défis de développement pour accélérer la transition numérique et collaboratives dans les administrations et entreprises.
Le manque de notoriété et de soutien de l’État pousse le collectif à réagir en montrant que le périmètre opérationnel des solutions françaises est tout à fait compétitif et qu’un des points forts est justement le bon niveau d’intégration entre les multiples couches collaboratives dont sont composés les plateformes modernes et à demander que le gouvernement prenne ses responsabilités en faisant de la défense de la souveraineté numérique un axe fort vis-à-vis des administrations et entreprises.
* Étude réalisée par International Data Corporation, Worldwide Collaborative Applications Forecast, 2022–2026 : Adoption Creates the Collaboration Stack